L’Europe doit miser davantage sur l’inclusion sociale, le renforcement de compétences et de sa politique industrielle

Lors de la troisième session thématique de la 71e session plénière de la COSAC, qui s'est tenue au Parlement européen à Bruxelles, des parlementaires issus de toute l'Europe ont discuté de la compétitivité et la résilience de l'Union européenne. La session sur l’autonomie stratégique et la compétitivité a mis l’accent sur le renforcement des compétences et de la politique industrielle européenne.

Le débat a été introduit par Nicolas Schmit, Commissaire européen pour l'Emploi et les droits sociaux, Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, et Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels School of Economics and Management.

La COSAC (Conférence des Organes Spécialisés dans les Affaires Communautaires) réunit les commissions des affaires européennes des parlements nationaux et une délégation du Parlement européen. En Belgique, il s'agit du Comité d’avis fédéral chargé des affaires européennes. La session plénière de la COSAC (24-26 mars) est la dernière d'une série de conférences organisées par les parlements belges dans le cadre de la présidence belge du Conseil de l'Union européenne (1er janvier-30 juin 2024).

Nicolas Schmit, commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, a dressé le tableau d'une Europe confrontée à des mutations sur plusieurs fronts. Tout d’abord, une transformation numérique est en cours, dont l'intelligence artificielle (IA) est le facteur le plus important. Dans sa présentation, le commissaire a souligné l'importance des compétences et de l'apprentissage tout au long de la vie pour anticiper ces transitions.

Cependant, les transitions doivent être ‘équitables’ et elles ne pourront l’être qu’en tenant compte d’aspects sociaux. La clé de la transition, selon le commissaire, réside dans les compétences : "Faire en sorte que 60 % des adultes suivent une formation d'ici à 2030 est ambitieux mais nécessaire. Mais il n'y a pas d'autre solution : l'apprentissage tout au long de la vie est indispensable". A titre d'exemple, Nicolas Schmit a évoqué la pandémie COVID19 qui nous a montré qu'investir dans les compétences est le meilleur moyen de protéger les emplois.

L'Europe veut faciliter cette tâche pour les différents partenaires stratégiques (gouvernements, entreprises, partenaires sociaux, travailleurs), notamment en mettant en place des actions avec les partenaires sociaux pour éliminer les principales pénuries sur le marché du travail, créer des environnements de travail inclusifs et améliorer la mobilité intra-européenne des compétences et de la main-d'œuvre d'une manière équitable.

Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, s'est concentré sur la politique industrielle européenne qui doit s’appuyer sur des conditions réglementaires et financières propices à la compétitivité. Trois chantiers sont à prendre en compte à cet égard : les capacités de production ; la sécurité économique et l’industrie de défense.

En ce qui concerne les capacités de production, il n’est plus acceptable que plus des trois quarts du cloud public européen soient encore détenus par les Américains et que nous dépendions à 80% de la région indo-pacifique pour nos approvisionnements en semi-conducteurs. Une avancée à cet égard est le Chips Act, qui a permis de mobiliser plus de 100 milliards d’euros d’investissements publics et privés.

Le deuxième grand chantier est la sécurité économique, alliée à la diversification et la coopération avec des partenaires étrangers. En termes de cybersécurité, une législation sur les services et marchés uniques a été adoptée.

Le troisième grand chantier est notre industrie de défense. Le programme européen industriel de défense a pour but de booster nos capacités, notre réactivité et notre compétitivité.

Marek Hudon, chargé de cours à la Solvay Brussels School of Economics and Management, souligne que l’autonomie stratégique ouverte passera par la diversité et la diversification. Par une relocalisation de nombreuses chaines de valeurs, notamment en adoptant rapidement les sources d’énergie alternatives afin de réduire la dépendance au gaz russe. Il ne faut toutefois pas tomber dans le protectionnisme.

Un deuxième élément important est la résilience. Selon Marek Hudon, « si la résilience doit être un objectif au niveau européen, son niveau optimal de gestion est souvent au niveau régional. Il faut encourager les institutions européennes à effectuer les analyses de résilience au niveau régional. Les moteurs de résilience urbaine sont évidemment fort différents de ceux du monde rural. »

Les études scientifiques sur la résilience montrent l’importance du tissu économique local mais aussi des dépenses publiques de protection sociale et de la stabilité politique. « Je suis persuadé que la compétitivité de notre économie à moyen et long terme passe par sa résilience. » Les organisations qui ont été les plus résiliantes dans les dernières crises économiques et écologiques sont celles qui ont pu s’appuyer sur un tissu économique interconnecté mais aussi une dynamique sociale forte. ​

Toutes les informations et les documents complémentaires concernant la conférence sont disponibles sur le site de la dimension parlementaire de la présidence de l'UE.

La réunion peut être visionnée sur la chaîne YouTube de la dimension parlementaire.

Des photos en haute résolution sont disponibles sur le canal Flickr de la dimension parlementaire.